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béni sois-tu carillonneur
rebaptisé
LA GAGNE DES GUEUX

LE DOCUMENTAIRE DE LA PREPARATION DU CARNAVAL DE BLOIS PAR LES GENS DE LA RUE, la Comparse de la Gagne des Gueux

SYNOPSIS 

 

En juin 2022, Amélia Bréchet, une comédienne qui travaille auprès de l'ALEP à Blois, une association d'éducation populaire, commence à rencontrer les usager.e.s du Carillon dans l'idée de fédérer les personnes à la rue, les travailleurs sociaux et les bénévoles autour d'une création théâtrale. Les addictions, les conditions matérielles d'existence, la santé des gens et l'absence de moyens financiers pour le projet ont rendu inenvisageable de mobiliser une équipe de manière régulière et étendue dans le temps. C'est alors que l'idée du documentaire a émergé. La situation proposée pour lancer le film devint la participation au carnaval de Blois. En février 2023, la Gagne des Gueux était créée et signait le début de deux mois intenses de fabrication de masques, de costumes, d'accessoires, de création de danses, de chants et d'une dramaturgie dans l'espace public. Entre temps, les rencontres entre Amélia, la comédienne qui tient la caméra, et les usagers du Carillon s'approfondissent. Elle filme de longs entretiens, des maraudes, des temps de repas propices aux confidences...

Le jour du carnaval est arrivé et la grêle a transformé la fête en épreuve mais les Gueux ont tenu jusqu'à l'arrivée au château, ensemble.

Six mois plus tard, l'annonce d'un financement de l'Etat permet de reprendre le tournage et d'entamer le montage. En septembre 2023, on décomptait déjà une dizaine de personnes à la rue décédées depuis le mois de janvier. Sans compter les amputations et les hospitalisations d'urgence. Il s'agissait de faire apparaître cette hécatombe invisible et silenciée dans le film, de rendre hommage à ceux qui n'ont pas pu se déplacer à la Fabrique pour créer la Gagne des Gueux, par désintérêt, addiction, désintégration massive du lien au monde, maladie ou décès.

La Gagne des Gueux c'est l'histoire foutraque de cette aventure collective autour d'une tentative de représentation dans l'espace public, c'est les confidences qui sont rendues possibles par le temps long et la qualité des rencontres, c'est le charivari joyeux des pauvres et la mélancolie révoltée de la misère.

 

 

NOTE D'INTENTION 

 

La Gagne des Gueux est un documentaire aussi crado, précaire et amoureux que son objet. Tourné au téléphone et à l'appareil photo, j'ai fait de la caméra l'interlocuteur hors-champ de ce qui se passe à l'image. Etant à la fois la metteuse-en-scène de la "comparsa" des gens de la rue, la réalisatrice et la monteuse du documentaire, la frontière du dedans et du dehors, de l'observateur et de l'observé, est constamment abolie. La caméra ne disparaît pas. Elle est, comme je le suis, l'un des personnages principaux du documentaire et cette mise en évidence du dispositif filmé permet d'éviter ce qui m'effrayait avant le tournage : une forme d'indécence à scruter un corps étranger qui souffre, sans relationner autrement que par le regard, sans se salir, se mouiller, se mêler.

Au montage comme au tournage, la création de la gagne des gueux est devenue le prétexte à la rencontre, à l'amitié et au déploiement d'une parole et d'une pensée autour du traitement social de la misère. La qualité des entretiens, l'intelligence, la délicatesse et la sincérité de ceux qui sont devenus mes amis... c'est ce que je veux mettre à jour, comme une matière à forcer le respect de nos contemporain.e.s.

Ce film, c'est pour moi une manière d'honorer la beauté et la profondeur de ce qui fut vécu, de le prolonger, de continuer de fédérer ce petit monde autour de la diffusion. Et c'est une manière aussi de rendre hommage aux disparus, à ceux dont les obsèques se passent dans un silence honteux, aux portes du carré des indigents.

A une époque où il devient de plus en plus évident qu'on ne traite pas les vies humaines au même niveau de pleurabilité et que cette inégalité a des conséquences politiques et existentielles majeures (cf.Judith Butler), j'espère que la Gagne des Gueux participera d'une réhumanisation de la figure des pauvres et du clochard. En vous laissant sur une citation de Patric Declerck qui aide à penser l'exclusion instituée : "La rue est un crime ignoble commis à chaque heure du jour et de la nuit contre les faibles et les innocents.(...) Un crime commis dans l'indifférence générale. Un crime sacrificiel et barbare répété pour l'édification de tous. Honte à nous! Honte à la France! Honte à cette grande nation qui sut, jadis, pour une certaine idée de l'homme, soulever le monde. Il faut que cela cesse. Il faut appeler le crime par son nom. Il faut, par la loi, rendre illégale la mise à la rue. Asile! Asile, au nom des hommes." (In Le sang nouveau est arrivé, l'horreur SDF, 2007).

Aux oublié.e.s. Aux naufragé.e.s.

 

Amélia Bréchet.

du carillon à une création

L'ouverture, initiée par l'ALEP, d'un espace-temps d'accueil pour le Carillon de 16h30 à 18h tous les lundis, sur Blois Vienne, a fait naître l'idée et la possibilité d'un travail de création au long cours avec les personnes à la rue , usagères du Carillon et des différentes structures blaisoises (CARUD, restos du coeur, accueil de jour, PIMM'S...).

L'ALEP fait appel à Amélia Bréchet, de la Compagnie RagBag, pour entamer un travail créatif auprès des personnes à la rue sur la fin 2022 et l'année 2023 : l'idée d'un docu-fiction était née!

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des étapes...

1- Reconnaissance : 4 journées à suivre le parcours quotidien d'un ou plusieurs SDF, sur les recommandation de Jean-Marie, un ancien de la rue (CARUD, accueil de jour, gamelles etc.). Rencontre d'une bonne partie de la population.

 

2- Glanage et mises en récits : un documentaire sonore

En individuel et sur des temps collectifs, création de temps de parole et de réflexion autour des parcours de chacun.e.

Sur des temps informels, glanage de sons, d'ambiance et d'informations sur les goûts et affinités de chacun. Début de constitution d'un ou de plusieurs groupes de création.

 

3- Création et diffusion d'un docu-fiction : montage et diffusion du documentaire sonore en radio et/ou sur des plateformes de podcast.

Temps de partage d'outils du comédien. Ecriture du docu-fiction : définir les mises en situations fictives et/ou les personnages fictifs à mettre en jeu dans des situations réelles. Inspirateurs directs : Jean Rouch et Pedro Costa.

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Dans la double lignée de jean Rouch et de Pedro Costa, Amélia Bréchet souhaite réaliser un documentaire-fiction à partir de sa rencontre avec les personnes à la rue et certain.e.s bénévoles et travailleureuses social qui interviennent dans leur quotidien.

 

Comme son nom l'indique, un docu-fiction allie le travail documentaire (documenter le réel) à un travail de fiction (situations, missions ou personnages inventés).

 

Jean Rouch a choisi ce médium pour alimenter la recherche anthropologique, Pedro Costa l'a choisi pour continuer à faire se rejoindre l'art du cinéma et la politique.

 

Dans notre cas, l'utilisation de cet objectif, "créer un docu-fiction" combinera tout un tas de vertus et, entre autre :

 

  • s'adapter à la disponibilité et à la situation des personnes à la rue. C'est la caméra va à leur rencontre.

  • allier des outils de jeu théâtral ( incarner une personne qu'on est pas ou être soi dans une situation de jeu ) et un travail de documentation et d'analyse du réel pour les acteurices et la future audience.

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