top of page
LE 31 MAI, à la Barre, Mettray (37)
MPM-carré-V1.jpg

MEME PAS MAL

ou l'évangile d'une Petite Reine

 

c’est un conte, de la musique, deux clownes, de la politique dans les coins et de la poésie partout, pendant 1h ou un peu plus

et c’est plutôt pour les adultes

enfants de moins de 8 ans, s’abstenir

Meme pas mal, ce sont deux clowns qui prennent d’assaut l’autel d’une église pour y clamer un prêche inédit, pour déposer dans le cœur des fidèles un évangile qu’on avait oublié d’inventer... surprise!

Clownes et chanteuses et danseuses et curées
Adèle Frantz et Amélia Bréchet

Ecriture
Amélia Bréchet

Affiche provisoire
Aurélien Quentin

Une création 2019 de la Compagnie RagBag, grâce à l'accueil du Relai des Pas Sages et du Plessis Théâtre, l'indéfectible.

synopsis

 

Le prêche de MEME PAS MAL raconte l’histoire d’une petite fille très appréciée dans son village. On l’appelle « ma Reine », parce qu’elle rend la vie belle à tout le monde et que c’est sa joie.

Mais un jour, elle part.

Elle est aspirée par un cauchemar et vit l’expérience de la misère sur les trottoirs d’une capitale. Ca dure. Elle s’oublie.

Quand elle revient, les villageois sont mal à l’aise. Ma Reine a un peu changé. Les soins qu’elle prodigue, ses chants, son sourire… mais elle est de retour et cette altération vaut mieux que son absence.

Seulement, la malédiction se répète. Ma Reine est à nouveau soustraite de son village.

Un cauchemar l’a prise. La guerre. Ma Reine finit par tirer sur un homme.

Dans le sang, elle voit son reflet. Il lui ouvre le chemin du retour au pays natal.

Quand elle revient, Ma Reine est inconsolable. Elle pleure. Ses larmes envahissent l’air de petites lames affûtées. Les villageois finissent par l’enfermer dans une boîte. Ils emmènent la boîte loin, dans la forêt.

Quand la honte a fini de consumer le silence des plus courageux et que Ma reine a cessé ses cris, ils ont ouvert la boîte. Elle avait écrit sur les parois de pin son évangile.

LES PROCHAINES DATES

 

Le 3 mai 2019, sortie de création, toute neuve, toute férbile, au Plessis Théâtre de la Riche.

Le 4 mai à 20h30 et le 5 mai à 17h à la Chapelle Sainte-Anne, la Riche.

7 et 10 euros

cieragbag@gmail.com

Le 31 mai à 20h, soirée Intergalactique à la Barre, Mettray

Prix libre, buvette et restauration sur place

questions : cieragbag@gmail.com

Le 21 juin à 20h à la Grange Théâtre Vaugarni

 

Le 20 avril 2019, sortie de résidence au 4 rue du Petit Chiron, à l'Ile d'Yeu. 20h.

Etape de travail.

 

Une 1ère esquisse les 14 et 15 décembre 2018

chez des particuliers à côté de Tours

Pour réserver et obtenir les adresses  ou des infos cieragbag@gmail.com

intention

 

Là où MEME PAS PEUR évoquait pour moi la difficulté d’être puissant, sur le monde évidemment, et sur sa propre vie ; la facilité avec laquelle la peur nous pousse à des compromissions qui nous font croire qu’elles sont du camp de la vie quand elles ne parlent que d’une mort de soi ; et l’indolence avec laquelle nous acceptons le traitement différencié des existences…

 

MEME PAS MAL, dans son intention originelle, évoquait une question identitaire. Dans mes recherches bibliographiques et mes entretiens, j’ai fouillé certaines conditions extrêmes à « l’abîme » de soi : la guerre, la clochardisation, l’incarcération (psychiatrique et punitive). Je pense que ma question sous-jacente était : que reste-t-il de moi quand je suis pris, « corps et âme », dans l’expérience longue et/ou répétée, d’une cruauté (douleurs psychique, physique, terreur)? Est-ce qu’on n’est pas condamné à devenir un monstre à son tour ? Existe-t-il des stratégies de conservation intime et/ou collective d’une image aimable de soi, d’une éthique, d’un sentiment de soi ?

 

Plusieurs mois, j’ai interviewé un ami serbe qui avait participé à la guerre des années 90. Un grand homme au timbre tendre. L’imaginer un fusil en main m’a bouleversée. Il parlait de ces trois mois de combat comme de sa maladie. J’ai donc passé trois mois à fouiller avec lui son expérience de la guerre, de la transformation que la peur, les odeurs, le groupe, opèrent sur les perceptions, le comportement, les valeurs…

 

J’ai passé des heures à fouiller des récits de vie d’internées italiennes dans les années 70, d’handicapés en URSS, où la folie, le handicap et les verdicts sociaux associés, interdisaient d’aimer, de pleurer, de choisir la couleur du mur que l’on regarde… jusqu’à la simple idée de vouloir.

 

Des heures à lire les Naufragés de Declerck sur 20 années mélancoliques à étudier, psychanaliser, se faire passer pour… les clochards de paris.

A lire des Voix sous les cendres et d’autres récits de juifs et de communistes au bord de mourir dans les camps nazis.

 

Les Cercueils de Zinc et La Guerre n’a pas un visage de femmes, de Svetlana Aleksievitch avec une attention particulière que j’ai portée à la question de l’amour : est-ce qu’on continue à aimer quand on fait la guerre ?

 

J’ai passé plusieurs mois à entasser les récits, les analyses… je voyais bien que ce qui retenait mon attention à chaque fois, c’était cette petite invention de l’un pour préserver une part de soi, cette petite résistance de l’autre pour entraver les broyages identitaires, les refuges intimes et parfois collectifs (je pense aux hôpitaux soviétiques où les malades s’organisaient parfois pour refuser les mouroirs ; à la force que certains trouvaient d’écrire et d’organiser ce secret, dans les camps...) qui se dressaient comme des remparts intérieurs à une forme de mort de soi, de défaite de l’être et de son éthique. Ce que j’ai appelé plus haut « l’abîme de soi ».

 

Et puis j’ai passé une semaine entière à écrire. Sans trop choisir. Je voulais un conte et ses rengaines. C’est tout.

La petite reine est apparue tout de suite. Et ce qu’elle m’a fait explorer plus frontalement, sans décider, c’est aussi comment on peut apprendre à se rappeler à soi, à ce que l’on veut de soi, à ce que l’on aime. Comment, si on s’échappe de l’abîme, nos chansons deviennent plus denses, nos sourires plus précieux, notre amour plus glorieux. Comment aussi, le groupe garde en horreur la douleur d’un des siens. Comment souffrir visiblement et bruyamment nous indispose. Comment à notre tour, on se défigure, on s’abîme, pour détourner le regard ou éloigner l’image du malheur.

 

Ma Reine, j’ai aimé ses sourires, ses abats-jours, les lames de rasoir qui coulaient de ses yeux, et les touches de piano qu’elle avait dans la bouche. J’ai aimé ce vieux qui l’a délivrée . Et ce sang avec lequel elle nous a légué son idée de comment vivre et s’aimer.

 

MEME PAS MAL ou l’Evangile d’une petite reine, est un conte qui fait mine de rien, mais qui remue un gros tout.

Je crois qu’intuitivement, je nous sens entrer dans une phase ténébreuse de notre Histoire où il va falloir choisir individuellement et collectivement, entre une forme de collaboration à l’ignominie, à la bêtise, à la méchanceté, à l’égoïsme... et une forme de résistance enragée et aimante, créative et indifférente quand il le faut...

Et je crois qu’il sera du devoir du résistant de travailler d’arrache-pied à attiser la lumière; je crois qu’il va devenir urgent de s’aider à rester beaux, et dignes, et intelligents. J’ai peur qu’on ne soit pas à la hauteur. Qu’on se défigure encore.

 

Amélia Bréchet 

septembre 2018

bottom of page