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To be free or not to be

un duo de clownes sorcières en milieu professionnel

dossier provisoire  ( art graphique : Aurélien Quentin)

Les To be free or not to be commencent à avoir de la bouteille et ne sont pas prêtes de s'arrêter!

Elles ont déjà sévi :

- en ferme paysanne en pleine saison des Asperges, au Relai des Pas Sages de Pellevoisin (28) (10 jours d'immersion/ création d'une performance sur mesure et l'organisation des olympiades de l'asperge bio)

- au Centre Social Quinière Rosa Parks de Blois (41) sur 15 jours qui ont abouti à une performance extérieure dans le quartier Quinière

- à l'IME des Douets à Tours (37) en compagnonnage avec le 37ème Parallèle de Tours. Cloture des 4 semaines d'immersion par une performance rituelle grandeur nature : "à la Recherche de Paul et Duck", le jeu de l'oie géant.

- à la Clinique de la Chesnaie à Chailles (41) dans le cadre du dispositif Culture-Santé financé par la DRAC, l'ARS et l'association accueillante (en l'occurence, le Club de la Chesnaie). Création d'une performance rituelle à l'occasion de la fête annuelle de la clinique. D'un livre et d'un mini-documentaire audio.

- aux Maisonnées, lieu de vie pour adultes autistes. 6 semaines d'immersion et 5 semaines de création, suspendues par un congès maternité impromptu. La suite des aventures en septembre 2025. Dans le cadre du dispositif Culture et Handicap (ARS-DRAC), Culture à partager (Région Centre) et la Communauté de Commune du Val de l'Indre ( Contrat Local de Santé et service culturel main dans la main).

Et la prochaine étape de voyage? A l'EHPAD de la Source, à Tours Nord!

Mais pourquoi ce désir sans cesse renouvelé d'aller sonder les institutions de soin et les lieux de travail des gens?

Dans son essai La Médiocratie, Alain Deneault, philosophe politique contemporain, dénonce le nouveau visage du monde du travail : "C'est la banalité du mal faite science. Car il faut châtrer la curiosité en milieu professionnel; la routine au travail s'attaque en priorité aux activités intellectuelles. Ne plus chercher à comprendre mais borner sa pensée aux sentiers battus établis par l'institution pour s'assurer de fonctionner selon ses modes." Plus loin, "Collectivement, "jouer le jeu" comme jouer à la roulette russe (...), jouer sa vie, comme si ça ne comptait pas (...) c'est seulement un vaste simulacre qui nous engloutit dans son rire pervers. (...) La médiocratie nous incite de toute part à sommeiller dans la pensée, à considérer comme inévitable ce qui se révèle inacceptable et comme nécessaire ce qui est révoltant. Elle nous idiotifie."

 

C'est à cet endroit de résistance philosophique, poétique et politique que les "To be free or not to be" souhaitent se loger dans les institutions du sanitaire et du social, qui pâtissent, comme partout, de la déréliction du sens, de la pensée et du désir au travail. Les To be free essaient de révéler les habitudes qui ne se questionnent plus, les règles tacites, les modes relationnels, les rôles, les statuts, les "aliénations" pour reprendre le vocabulaire de la psychothérapie institutionnelle... mais aussi les déjà-là vertueux qui oublient de se féliciter comme tels. Elles essaient de réhabiliter la valeur du quotidien et des relations humanisantes qui s'y logent si on en prend soin. Les To Be free, c'est l'idée de solliciter ou de resolliciter la réflexivité dans un monde très dur et malmené, le milieu du soin, mais ce miroir que nous tendons, il n'est pas dangereux, on peut s'en saisir, parce qu'il appartient à l'univers de la fiction et du poème : les clownes sont des personnages de fictions et nous permettent de transgresser le silence, les habitudes, le statu quo, la bienséance parce qu'elles appartiennent au monde des histoires dans les livres. Nous bénéficions même, dans un sens, de l'imaginaire collectif dégradant du clown qui le confine à la grosse blague, au potache, au risible... qui délivre le public de la peur de la vérité crue, nue, cruelle.

 

Notre intention artistique, même si elle se précise depuis quatre ans autour du sens du travail et du collectif, reste la même, fondamentalement, depuis que nous avons écrit le dossier artistique de notre duo Les To be Free or not to Be en 2020 :

note d'intention, mouture 2020

L’art, c’est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art. Robert Filliou
 
L’Histoire grésille, le disque saute et nous sommes des milliards d’êtres humains à attendre de savoir à quelle sauce nous serons mangé.e.s. La liste est longue des doutes et des catastrophes en cours et à venir. Se sentir impuissant.e.s, désarmé.e.s. Laisser monter la peur en soi. L’observer inonder la sphère médiatique. La peur, la haine de soi, de l’autre, l’ignorance, la bêtise… et peu à peu de glisser dans l’abjecte. Quand les puissants n’auront plus besoin de sévir pour qu’on se blesse nous-mêmes. Qu’on se tue, qu’on se viole. Qu’on s’entre-dévore. On aura perdu.
 
S’il est un endroit de puissance de l’art que nous voulons défendre, c’est dans ce rappel à soi. Pas à la pelure, pas à l’apparat, pas aux vieilles croyances qui nous agitent, nous raidissent et nous bouchent la vue… S’il est un endroit où nous voulons agir, à travers l’art, c’est à l’endroit de la relation, profonde, sacrée, aux marécages du dedans, aux poissons préhistoriques, au besoin d’amour et à la peur de tout perdre… ces marécages du dedans, l’art nous rappelle qu’ils ne sont jamais si différents d’un individu à l’autre. Les mêmes tourmentes qui rident le miroir de l’eau. Les mêmes aspirations folles et sublimes. Et puis après on vit, et on oublie. On oublie jusqu’à se croire absolument séparé de lui, d’elle, de iel. On oublie et on apprend à croire aux vieilles narrations fascisantes de l’ennemi, du barbare, de son invasion, du besoin d’ordre, de discipline, de frontières et de sanctions exemplaires… bref, l’Art peut venir se loger dans cet endroit d’intimité, de rapport à soi, qui nous rappelle aux fondamentales sororité et fraternité qui nous tissent. Un retour à soi qui exerce simultanément un chemin vers l’autre.
 
Les To Be Free, dans cette intention, usent de deux ressorts puissants et efficaces. L’immédiate capacité du clown à entrer en vibration avec l’autre, à faire jaillir les volcans assoupis, le vacarme de nos terreurs et des avalanches de désirs, trop grands, trop forts, trop loin… L’art du clown comme l’entrée dans le rêve de ce que l’humain pourrait être, sans raideur, sans caractère. Un pur désir qui se déplace, qui rencontre, qui aime et qui invente des réponses quand il ne se laisse pas aller au drame de son impuissance… ET puis un dispositif de rencontre, de soin, de guérison, de libération. Un désir mégalomaniaque de nos deux clownes de devenir les réparatrices des communautés, des corps et des intimités. De s’activer vers l’autre pour l’accompagner très concrètement à sa mise en mots, à son cri, à son chant. D’inventer des dispositifs de rencontre qui permettent à Azterg et Bouchon de viser au plus juste de ce qui empêche le déploiement d’un corps dans l’univers. Quel massage. Quel acte psychomagique. Quels mots dire ou entendre. Et une fois les intimités sondées et dorlotées, un rituel chamanico-délirant où les forces en puissance dedans nous tou.te.s se dégainent, se montrent et font la ronde pour faire la nique à la mort de nos amours et de nos rêves. ET que chacun reparte avec cette vibrante certitude : ma vie est précieuse et éphémère, je vais prendre soin de ce à quoi j’aspire et des liens que je tisse avec le monde qui m’entoure.
 
Car enfin,
 
L’art c’est ce qui rend la vie plus importante que l’art. François Cervantès

Pour leurs créations, les To be free et RagBag ont été soutenues par le NewNow Studio (Oakland, Californie), le Zorthian Ranch (Los Angeles, Californie), la Cie Nanaqui et ses Sauvageonnes, la DRAC Région Centre, le 37ème Parallèle de Tours, l'ARS, la Région Centre , la Communauté de Commune du Val de l'Indre, le Club de la Chesnaie, les Maisonnées ADMR, le Relai des Pas Sages...

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